J’expérimente dans mon travail des manières de s’adresser à l’autre.
Je cherche à préserver une forte dimension d’oralité, à toucher le moment de la venue
des mots.
Sous la forme d’installations, je confronte écriture manuscrite et lieu.
Je travaille toujours avec l’échelle du corps humain, préservant cette même prégnance de l’espace dans mes livres et dessins.
En créant des textes sans ponctuation ni espaces je provoque lors de leur lecture une expérience de concentration, de corporéité, d’où souvent la nécessité d’un temps d’accommodation, comme pour entrer dans une langue étrangère.
J’écris/inscris les textes de mes œuvres directement, avec des techniques sans repentir possible. Je cherche ainsi une intensité de présence, un travail d’intuition, d'épreuve de mémoire. Mes textes conjuguent énergie impulsive et longs temps d’"enfouissement" dans des carnets préparatoires, où se précisent par exemple le ton d’un dialogue ou d’un monologue.
Ces fragments de paroles proviennent d’expériences personnelles et de témoignages réels ou fictifs, évoquent des rencontres, séparations, tensions entre des personnes jamais nommées.
Je veux, par cette retenue des noms mettre en suspens le statut d’auteur comme la personne à qui ils s’adressent. Aussi, mes œuvres fonctionnent comme des partitions à interpréter, à incarner.
Mes recherches se réfèrent autant à des techniques d’édition contemporaines qu’à des manuscrits médiévaux ou à des pratiques très anciennes comme les chambres funéraires de l’Ancienne Egypte. Je me nourris de gestes de mémoire et d’inscription très divers, parfois anonymes, bruts, qui révèlent avant tout la notion d’individu, de ce qui fait sentir soudain qu’ «il y a là quelqu’un ».
Parallèlement à ma pratique personnelle, je travaille depuis 2005 au sein du collectif d’artistes CLARA, avec Samuel BUCKMAN (Caen), Virginie DELANNOY (Genève), Gilles PICOUET (Besançon), et depuis 2016 au sein du collectif grŒp.