Je ne te parle pas
Je ne peux plus recommencer plus la force plus le sens plus envie
Obligé de plus en plus continue [---]
Je ne cherche pas
Je continue
Pas semblant pas embobiner pas mentir pas déporter emmener à ronronner amadouer
Nos premiers silences incapables retranchés ta terreur toujours
Ma colère m'échappe
Trouve encore
Des babils des habits des commencements te détourner t'échapper te consume
Je te range je t'accepte je t'oublie
Ce que je te veux
Murmure profond
Je veux pourtant si simple
mon visage à ton visage mon dos nos fronts
Aussi comme t'oublier
Quitte la trace la sente de chaque jour là où tu repenser où tu passes toujours là où tu t'engouffres t'apaises ne cherches ne te pose moindre question là où tu acquiesces où tu te retrouves même permanence
Quelque chose vient accepte me transfigure
Presque absence mais maintenant je veux je me tends
tu répètes
Aussi te rêver t'accepter
Ton souffle mon souffle entremêlés se quittant se reconnaissant se toisant s'aimant se perdant
Anonne
Perdu toute la tendresse toute l'endurance
Autre part
Fuites
Ta bouche repliée de fierté de rancœur vers mes questions mes insistances ta guerre avec mes persistances
J'ai tant attendu
Obstiné
Insatiable
Inassouvi
Nos passés dos à dos nos crispations nos retenues
J'entends si mal maintenant et j'acquiesce à ton murmure parfois [---] dans l'inaudible je [---] ton balancement [---] étranger déterminé continue
Comme j'ai pu amer attendre attendre vouloir
Ventre à ventre
Croise crois mon regard la force de ta main ta douleur
Je me tiens retiens
Je disparais je souris
Saurais-je tenir
Ne faire semblant de t'abandonner
Tu sais porter ne rien réagir alourdir
Un visage doux
Une pensée cruelle duelle incomplète brisée fausse
Ce n'est plus à moi que tu parles
Je sais rire encore comme étouffer comme tromper ma fuite mes deuils comme me fermer dans l'incessant monologue conforter me torturer
C'est tout autre qu'un état de jalousie  [---]  le contour le corps d'une vie longue d'une vie traversée
Eteint
Où continuer aller
L'immobilité m'a toujours une terreur innommable
Je ne parle quasiment jamais fredonne profère demande mais parler avec toi depuis tant d'années de déviances avec la vie de se retourner de chercher la distance à se tenir à s'accorder j'ai perdu la parole parfois parfois mas je l'ai oubliée reniée dépassée outrepassée
Tout ce que j'ai perdu se remue je reporte je préserve je me sauve
Je ne veux plus croire qu'à une conversation riche de tous sens
Enlève les réflexes enlève les peurs
Retourne
Tremble
Et Je repousse je repousse à ne rien faire rien crier rien interroger juste enfiler ces gestes des habitudes les gestes courant comme oublier mes drames mes murs où je ne vois que trop bien qu'un souffle suffirait à dévier je conserve tout ne touche aucune apparence attends demain
De temps à autres juste sentir un souffle le reste écouter goûter observer ne pas pénétrer tressaillir
Fragile
Babillages continus
Ouvre
Quelques touches insuffisantes
La maison chaude calme la maison des sommeils
Veille
Ma grande timidité chaque instant déjouée mais incessante apprivoisée devenue corps devenue accent devenue mon pas ma colonne vertébrale invisible
Comme si vieillir comme si perdre comme si cette aberration cet intolérable ne se voyait pas ne perlait pas de chaque seconde de chaque souffle
Lâche
J'évite soigneusement involontairement mécaniquement ton regard pas d'œil dans l'œil pas de semblant de face
Ne me demande ne me demande ne m'accepte ne me pardonne ne m'enterre ne me hais ne me harcèle ne m'accable ne me répète
Et la douceur recouvre
Libre de tout comme
Je ne peux je ne sais te voir te sentir tendre aller m'épouser tenir à ma contradiction à mes impossibles à mes murs cramponnés et chéris ce mystère inextricable du je me retiens du je m'interromps
[---] au ventre je te tiens te contiens mon supplice mon à côté de chaque jour supporter tout toujours regarder penser rêver de côté me conforte me rassure comme je peux me bâtir me reconstruire Enfiler des échafaudages
Me recouvre me détourne
Comme un vaste cri inépuisable ralenti ample profond ancré
Comme tenir ta peau de ma main
Garder ta main veiller devenir blanc
Comme auprès de tes longs tiraillements
Toute cette absence mutique devenue air nerfs mémoire
Terreur devenue accord
Dépasse
Oubli
Renonce
Acquiesce
Devient
Appartient
Oh si peur de ne plus te trouver de ne plus se chercher se croire de ne plus t'espérer te rêver t'admirer
Ma langue ta peau
Tes frissons plus forts
Réveil
Recule
Il me faut chaque jour le recommencement chaque matin espérer pour tout le jour oublier basculer de toute force dans un autre élan
Regrette
Enfonce
Je peux être soudain tous ceux que tu connais tous vos rires tous les spasmes toutes les attirances [---] volées
Persistera atteindra
Je peux m'endormir savoir encore des jours et des jours des années parfois sans parler ça ne compte plus je sais ne plus compter ne plus percevoir le temps de tes silences je travaille ainsi de l'advenir
Oh comme ton âme érigée grandie épanouie évidente en mon sein comme droite comme debout en mon sein comme mon battement
Trop longtemps maintenant pour briser pour recommencer pour jouer un autre personnage une autre trajectoire une nouvelle illusoirement nouvelle histoire
Toute la colère
Je crois si peu les mots les aime si peu si ne plus entendre que les mots
Je ne veux pas te connaitre dans ton recouvrement de mots de noms de souvenirs dans cette parole étouffante effrayante effrénée
Et dans moi s'emboitent encore d'infinies paroles questions bribes une foule dans moi invisible enfermée
Méfie
Joue
Loin
Des points des inachèvements la place pour toi pour
Comme je ne sais pas aller d'un onde à un autre je ne sais pas sans répéter sans être préparé paré je ne sais me retrouver alors
Vascille
Transfigure
Pas d'une phrase à une autre pas d'un accent à un autre pas d'une personne à une autre
Atteindra
Ne plus te discerner nuit totale te cache plus de visages plus de signes grondements
Presque rien ne change
Je ne te connaitrai que dans cette épaisseur infiniment lente incertaine des retenues des silences des absences des éclairs des soudain
Pour te débattre pour te battre
Naitre
Disparais
Cours
[---] n'enlève ne conserve ne crois
Ce silence va nous libérer aspirer ton avidité de récits de masques atténuer abolir ce je impossible
Je dissimule
J'ai grand plaisir [---] d'être demeuré ici ainsi d'observer le passage de savoir de tenir en si peu de mots des vies de n'en livrer que la frange de me sentir libre de ce mutisme de cette frénésie je vois les corps les bouches sans croire c'est si bien tout à coup les charpentes les ligne de tensions les aveuglements
Fuit
Aussi une façon de l'amour de tenir l'amour
Je me rappelle je revois en mémoire dans de grands et troubles songes mais je ne bouge jamais
Erre
Je veux m'échapper toujours en pas fuir m'échapper ne pas revivre chercher ouvrir le qui vient
Oubli
Rires
Rires
Détruis
Pas de vergogne pas de retenue
Hébété
Docile
Réfugié
Fuit

[Transcription partielle]

 

Je ne te parle pas, 2017
Graphite sur Corian
2017



 

EMMANUEL ARAGON


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